La licence professionnelle MAEP

La licence professionnelle MAEP (Chargé de projets Milieux Aquatiques et Eaux Pluviales) est une formation de niveau bac+3 qui répond aux besoins pressants des territoires en matière d’expertise hydrique.

Une formation née des défis environnementaux contemporains

L’eau, ressource vitale mais menacée, nécessite une gestion de plus en plus technique et intégrée. Les événements climatiques extrêmes se multiplient – sécheresses prolongées suivies d’inondations dévastatrices – tandis que les écosystèmes aquatiques subissent des pressions anthropiques sans précédent. Dans ce contexte, la licence MAEP forme des professionnels capables d’appréhender la complexité du cycle hydrosocial, cette interaction permanente entre les systèmes naturels et les usages humains de l’eau.

« Nous avons conçu cette formation en réponse directe aux besoins exprimés par les collectivités territoriales et les bureaux d’études confrontés à des problématiques hydrauliques de plus en plus complexes », explique Oldrich Navratil, responsable de la formation à l’Université Lyon 2.

La législation dans le domaine de l’eau évolue rapidement, exigeant des compétences spécifiques pour respecter les nouvelles normes environnementales. La directive-cadre européenne sur l’eau, la GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations) ou encore les plans de gestion durable des eaux pluviales imposent aux acteurs territoriaux de repenser leurs pratiques. La licence MAEP forme précisément les techniciens et chargés de projets qui accompagneront cette transition.

Un parcours pédagogique ancré dans la réalité du terrain

La formation s’articule autour de 540 heures réparties sur une année, dont 420 heures de cours et 120 heures de projet tuteuré, complétées par une immersion professionnelle de 8 mois en entreprise via l’alternance. L’organisation par blocs de 3 à 4 semaines permet aux étudiants d’alterner entre théorie et pratique.

Le programme pédagogique se structure en unités d’enseignement complémentaires :

  • Fonctionnement du cycle hydrosocial (80h) : compréhension des dynamiques naturelles et anthropiques qui régissent les flux d’eau
  • Éléments de connaissance pour la gestion des MAEP (138h) : maîtrise des savoirs fondamentaux en hydrologie, écologie aquatique et assainissement
  • Outils et techniques pour le diagnostic et l’aménagement (112h) : apprentissage des méthodes d’analyse et d’intervention sur les milieux
  • Outils et techniques de gestion de projet (49h) : développement des compétences en pilotage et coordination

Les travaux pratiques constituent le cœur battant de cette formation. Les étudiants s’immergent littéralement dans leur futur métier, bottes aux pieds et instruments de mesure en main. Lors des sorties sur le terrain, ils apprennent à réaliser des pêches électriques pour évaluer la biodiversité piscicole d’un cours d’eau – sensation unique de sentir frétiller un poisson momentanément étourdi avant de l’identifier et le relâcher. Ils s’initient à la topographie en manipulant théodolites et GPS différentiels pour cartographier avec précision les berges d’une rivière, sous le soleil ou sous la pluie. Les mesures hydrométriques les amènent à se confronter au courant, à évaluer les débits, à comprendre intimement le comportement de l’eau en mouvement.

« Lors d’un projet tuteuré sur la restauration d’un petit affluent du Rhône, nous avons réalisé un diagnostic complet incluant des analyses granulométriques, des relevés d’indices biologiques et une modélisation hydraulique. Nous avons ensuite proposé un scénario de reméandrage qui a été présenté aux élus locaux », témoigne Lucas, étudiant en alternance.

Des débouchés professionnels variés et assurés

Le taux d’insertion professionnelle à 6 mois atteint 100% pour les promotions 2021 et 2022, témoignant de l’adéquation parfaite entre cette formation et les besoins du marché de l’emploi. Les diplômés intègrent principalement:

  • Les syndicats de rivières et collectivités territoriales
  • Les Établissements Publics Territoriaux de Bassin
  • Les conseils départementaux et régionaux
  • Les entreprises de BTP spécialisées dans les travaux hydrauliques
  • Les bureaux d’études environnementales
  • Les fédérations de pêche et associations de protection des milieux aquatiques

Le quotidien d’un technicien de rivière, l’un des débouchés phares de la formation, illustre la diversité des missions. Une semaine type peut inclure la supervision de travaux de restauration écologique d’une berge érodée, l’animation d’une réunion de concertation avec des agriculteurs riverains, la réalisation de prélèvements pour analyser la qualité de l’eau, ou encore l’élaboration d’un plan pluriannuel d’entretien du cours d’eau.

Les chargés d’études techniques, quant à eux, conçoivent des solutions d’aménagement pour gérer durablement les eaux pluviales en milieu urbain. Ils dimensionnent des noues paysagères, des bassins de rétention ou des chaussées à structure réservoir pour favoriser l’infiltration naturelle plutôt que le tout-tuyau traditionnel.

Paroles d’acteurs : au cœur de la formation MAEP

Marie, 24 ans, actuellement en alternance dans un syndicat de rivière, partage son expérience : « L’alternance est exigeante mais tellement formatrice. Un jour, je suis en cours à analyser des données hydrologiques; le lendemain, je suis sur le terrain à coordonner des travaux de génie écologique. Cette double immersion accélère considérablement l’acquisition des compétences. »

Thomas, diplômé depuis deux ans et désormais chargé de mission dans une métropole, se souvient : « La formation m’a donné une vision globale qui fait ma force aujourd’hui. Quand je travaille sur un projet de désimperméabilisation d’une cour d’école, je ne vois pas seulement l’aspect technique, mais aussi les bénéfices écologiques, la dimension réglementaire et l’acceptabilité sociale. Cette approche systémique, c’est la signature MAEP. »

Du côté des recruteurs, l’enthousiasme est palpable. Sophie, responsable d’un bureau d’études spécialisé dans l’aménagement hydraulique, témoigne : « Les diplômés MAEP arrivent avec un bagage technique solide et une capacité à se projeter dans la réalité opérationnelle des projets. Ils maîtrisent les logiciels de SIG comme ArcGIS ou QGIS, connaissent la réglementation en vigueur et savent communiquer avec les différentes parties prenantes. Cette polyvalence est précieuse dans notre secteur. »

Les compétences clés valorisées sur le marché de l’emploi

Les employeurs plébiscitent particulièrement certaines compétences développées pendant la formation :

  • La maîtrise des outils géomatiques (SIG, topographie, DAO-CAO) pour cartographier et analyser les territoires
  • La connaissance approfondie de la réglementation environnementale et des procédures administratives
  • La capacité à élaborer des diagnostics écologiques pertinents et à proposer des solutions d’aménagement adaptées
  • Les compétences en animation et concertation avec les acteurs locaux
  • L’aptitude à dimensionner des équipements hydrauliques et à utiliser les logiciels spécifiques

La licence professionnelle MAEP répond ainsi à un besoin grandissant : former des professionnels capables de concilier préservation des ressources hydriques et aménagement durable des territoires. À l’heure où chaque goutte d’eau compte, ces experts du cycle de l’eau jouent un rôle déterminant dans notre adaptation collective aux défis environnementaux.